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Peut-on changer ?

Notre rapport au changement est ambigu. Le changement attire et fait peur en même temps.

Le désir de changement

L’envie de changement est naturelle, saine : elle correspond à un besoin de renouvellement, un désir de mouvement, une curiosité à l’égard de l’inconnu, un élan vers une étape suivante, une énergie propulsée vers le futur.

Le changement est inhérent au monde du vivant. De l’apparition de la vie jusqu’à l’évolution des espèces, le développement de l’être, les organisations sociétales, tout obéit aux lois du changement. Qu’on le veuille ou non, rien n’est pérenne.

Dans notre vie, nous passons par différentes étapes, rencontres, âges. Les vacances, les voyages, c’est aussi pour changer. Le besoin de renouvellement est fondamental, et nous propulse vers l’accomplissement de nos désirs, de nos « missions ».

Les changements intérieurs  peuvent être activés par les modifications extérieures : Changer quelque chose, (déménager par exemple) c’est être conduit à repenser sa vie, à reconsidérer ses habitudes. Changer un élément de sa vie apporte un autre éclairage sur soi, permet d’activer d’autres parties de soi.

L’envie de changer peut aussi émerger dans une situation de mal-être, figée, stagnante. L’envie de changer vient parfois après un blocage dans le mouvement de la vie, lorsque l’immobilisme règne, ou que les frustrations supplantent le plaisir de vivre. Elle est le signe d’un renouveau possible, d’un élan de vie qui veut s’affirmer.

Mais on voudrait alors parfois changer complètement de vie, « envoyer tout bouler » et tout recommencer de zéro. Cela soulage de l’imaginer possible. Le vrai changement sera plutôt issu d’une suite de modifications internes. Une respiration propice au mouvement, à l’énergie de vie.

La peur du changement

A côté du besoin de renouvellement, nous avons un désir de conservation, un besoin de nous rassurer avec ce qui nous est familier. Nous aimons garder des objets, pérénniser un mode de vie, retrouver nos habitudes, notre confort, nous conservons ce qui nous rappelle le passé.. Nous voudrions parfois arrêter le temps, stopper le mouvement, pour garder les moments heureux. Comme si l’on pouvait retenir le temps ; l’empêcher d’’avancer. Photographier l’instant pour ne pas oublier, pour garder en mémoire. Vouloir pérenniser les moments fusionnels du début d’une relation, ne pas aimer passer à une autre étape. Regretter le temps du passé, être nostalgique. Ne pas vouloir grandir, ne pas vouloir vieillir…

Pourtant, la mémoire elle-même, par son fonctionnement en creux, avec ses oublis, ses flous, nous montre que rien n’est fixé de façon immuable. Tout bouge toujours autour de nous et en nous. Nos souvenirs fluctuent,  notre corps se modifie, notre psychisme est en constante interaction, receveur et émetteur. Est-ce pour cela que nous voudrions parfois arrêter le temps ? appuyer sur la touche « pause » pour nous reposer de cette avancée inéluctable ?

Accepter de changer c’est accepter de perdre certains repères, aller à la rencontre de  l’inconnu, lâcher un peu les rênes de la maitrise.  C’est accepter de quitter, de se renouveler, de se laisser porter par la nouveauté. Ce n’est pas toujours facile!

Par exemple, après plusieurs vécus d’échecs, la tendance est à ne plus bouger : « on ne m’y reprendra plus ». tendance au repli, au repos, bien naturel, le temps de reprendre force et courage !

Mais alors pourquoi le changement fait-il si peur ?

Le changement apporte avec lui un flux qui emporte, une instabilité. Il démarre par un passage mouvant, une perte d’équilibre. Il faut un peu de temps pour retrouver une nouvelle sécurité, reconstruire un équilibre. La peur du changement est liée à la peur de l’incertitude, de la perte des repères, inhérentes à toute situation en évolution.  La situation connue, même insatisfaisante, est rassurante parce qu’on y a posé ses jalons. Même quand on ne s’y sent pas bien, qu’on y est à l’étroit ; Les parois si proches, que l’on peut toucher de nos mains, nous rassurent par leur fixité, nous empêchent de nous aventurer vers ce que nous évitons et qui nous effraie !

Le changement peut être vécu comme un abandon, une solitude. On abandonne une partie de sa vie, on quitte les habitudes sécurisantes. on est seul dans sa prise de décision. On devient alors dépendant d’une situation, dont on se sent incapable de bouger. Cette peur est un obstacle au changement.

Que veut-on changer exactement ?

On peut, concrètement, rêver de changer de lieu de vie, de région, de pays. On peut rêver de changer de travail, de carrière, de partenaire. Rêver en somme d’avoir une autre vie. Car on estime s’être trompé. Avoir fait de mauvais choix, ou estimer que les choix antérieurs ne correspondent plus à nos désirs d’aujourd’hui. Mais ces changements, pour être bien menés, doivent être le fruit d’un travail psychique, d’une mûre réflexion, suite à des dialogues, une préparation, une maturation.

Parfois, un changement extérieur apporte un vrai soulagement, et peut être, bien sûr, nécessaire. On a tous expérimenté le fait de se libérer d’un poids en changeant, en quittant, en bougeant quelque chose à sa vie. C’est parfois une solution de survie, même !

Mais parfois, modifier le paysage extérieur ne change rien sur le fond ! on transporte avec soi le même fonctionnement, que l’on va retrouver avec le nouveau compagnon, dans la nouvelle entreprise, aboutissant alors aux scénarios à répétition.

Cela signifie qu’autre chose est en jeu. Cela signifie qu’il faut réfléchir au mode de fonctionnement mis en place qui nous conduit vers ces impasses.

On peut donc, plus subtilement, et plus efficacement, chercher à comprendre comment est organisée notre « économie psychique », de quoi est composé tel ou tel comportement habituel, quels sont nos désirs et nos peurs cachés derrière telle attitude.

La force des habitudes, la répétition laissent parfois penser qu’on ne peut rien y faire. Un sentiment de fatalité alors s’installe.

Or, rien n’est fatal. Beaucoup de fonctionnements se travaillent. La plasticité, l’adaptation, le travail psychique oeuvrent pour rendre le changement possible.

Qu’est ce que le changement comme processus de transformation ?

Une lente maturation intérieure conduit à la transformation effective. Ce changement-là ne se décrète pas, n’est pas le fruit de la seule volonté. C’est un processus de développement de vie, comme le passage de l’embryon au nouveau-né.

Il se fait en deux étapes : d’une part le processus interne: le travail psychique, les prises de conscience, la connaissance des mécanismes de fonctionnement. Ce processus met en œuvre l’activation psychique: sont activées les résonances entre les blocages d’aujourd’hui et les évènements ou périodes antérieurs de vie qui ont contribué à ériger ces blocages. Les ressorts émotionnels refoulés ayant permis la constitution des blocages sont alors accessibles. Et la détente peut s’opérer, les émotions se déchargent, n’encombrent plus l’espace psychique.

D’autre part, le processus externe: quand les prises de conscience ont eu lieu, les fonctionnements peuvent être modifiés. Mais cela nécessite encore un travail d’élaboration. En effet, les fonctionnements anciens sont ancrés, et obéissent à des réflexes inconscients. Déceler ces réflexes, et les situations qu’on a cherché à fuir, permet  d’agir pour changer.

Le changement nécessite d’être mis à l’épreuve de la réalité, corélé au réel. Sinon, le désir de changer reste  à l’état de virtualité, non réalisée.

Le changement est motivé, poussé, par le désir d’agir. C’est donc bien le désir d’agir, qui, une fois les peurs et les blocages compris, explorés, émergera. En fait, il s’agit de choisir comment surmonter les peurs, et exercer son potentiel créatif et sa capacité à choisir de façon à s’ancrer dans le réel.

En même temps, le vrai changement n’est-il pas ce mouvement vital que l’on laisse vivre en soi, et au travers de soi ? cette énergie qui circule librement, plus entravée par les nœuds bloquants ?

Mais si l’on change, c’est lentement, doucement, par petites touches. Comme un tableau impressionniste. Changer un mode de fonctionnement inadapté, inefficace, voire contraignant, se déroule à plusieurs niveaux, progressivement.

La psychanalyse aide à prendre conscience de ce qui bloque l’évolution. A prendre ou reprendre son rôle de sujet qui trace sa route. Un sujet responsable, qui s’épanouit dans son essence d’être, tout en satisfaisant aux obligations nécessaires et vitales de son existence sociale, matérielle, familiale.

La capacité à se transformer, à évoluer peut être entretenue par le travail psychique. Et dans ce cas, tout au long d’une vie, les transformations auront lieu, internes et suivies d’actions, permettant d’exprimer son potentiel de vie.

Prendre soin de son « moi »

Si l’on a souffert d’un sentiment de ne pas être reconnu, ou d’incompréhension. Si on s’est senti rejeté, injustement traité. Si l’on a subi des traumatismes, des manques affectifs, si l’on n’a pas vécu une enfance épanouissante, ou si l’on a vécu une cassure venant briser le centre de soi…si l’on a entendu des cris, si l’on a été négligé, si l’on ne sait pas pourquoi on était là..

Toutes ces expériences créent des blessures immenses, dont la souffrance est enfouie. Cependant, le refoulé ne disparaît pas, il est toujours agissant. Le psychisme n’oublie rien. L’individu alors s’enferme dans une carapace, créant des comportements de défense, vis-à-vis de ces blessures. Il construit des attitudes de rigidifications, visant à éviter à tout prix de se confronter à toute situation risquant de réveiller la peine issue de l’élan brisé. Pour ne pas souffrir à nouveau. Ainsi, il va vivre à côté de lui, n’étant pas lui-même, pas totalement lui-même.

« Ces diverses expériences de non reconnaissance amènent un être à conclure qu’il ne peut pas vivre en étant lui-même. Le sens profond de la maladie est là, presque toujours. (Guy Corneau, Revivre !)

Un trouble va naitre. En effet, cette partie de soi oubliée, négligée, dont on n’a pas pris soin, va s’étioler, se désagréger.

Le prix à payer, est la maladie, d’être ou de corps.

La maladie montre une désunion d’avec soi, un déséquilibre. L’harmonie qui préside est rompue.

L’être est globalité avant tout.

C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de prendre soin de soi.

Quelle que soit l’entrée : corps, énergie, psychisme, la technique sollicitée, le professionnel consulté, tout travail sur soi permet de prendre un peu de recul et de se rendre compte que l’on peut améliorer sa vie, la rendre meilleure.

Il s’agit aussi de savoir manœuvrer les forces en soi qui sombrent, qui ne veulent pas évoluer, voire qui œuvrent en sourdine pour la destruction !

Ne pas les laisser dans l’ombre, ni aux commandes.

Il s’agit donc de réveiller les forces de régulation, de réparation, qui se sont endormies, inhibées suite aux traumas vécus.

En effet, toute guérison, toute amélioration d’être, est due à l’activation de l’auto-guérison, à la stimulation de la capacité autonome de rééquilibrage propre aux  fonctionnements psychiques et physiques.

La reconnaissance, en soi, pour soi, des souffrances niées et enfouies est la condition première pour commencer à être vraiment soi.

Toute souffrance intense et durable engendre une dissociation psychique. Une partie du psychisme fait comme si l’autre partie, la souffrante, la malade, n’existait pas. Celle-ci s’enferme dans le non-dit. Une barrière invisible l’entoure et l’empêche d’être au jour. Avec elle, c’est une part de soi qui s’isole et s’anéantit.

Le dialogue avec l’inconscient est nécessaire pour faire réunir ces morceaux disparates de la psyché.

La psychanalyse permet la fluidité entre conscient et inconscient. Elle place la reconnaissance du sujet au centre de son dispositif.

La faculté de réparation provient du sujet lui-même, de sa renaissance à lui-même, dans une place enfin occupée.

C’est une thérapie par la mise en valeur du moi.

Un moi qui s’est ouvert et a quitté ses compulsions de défense, qui l’enfermaient dans une attitude figée. Un moi qui n’est plus replié sur ses peurs.

La fluidité apporte le mouvement, la possibilité de l’action. Elle permet à la force vitale, au désir de vie de se propulser à l’extérieur. Sans cette fluidité, des cuirasses psychiques, et physiques se mettent en place.

Un moi qui occupe le centre de l’être, et peut regarder autour de lui avec bienveillance,  inter-agir en combinant indépendance et accomplissement, se relier en gardant sa liberté d’être.

« La santé est globale, elle inclut le corps, l’âme et l’esprit. » (Guy Corneau, Revivre.)

Il s’agit de découvrir le sens de ce qui nous arrive. Un sens est découvert quand il parle à notre conviction profonde, intime. Cela arrive comme un éclairage subit, suivi d’un soulagement émotionnel. La conscience s’enrichit. A chaque situation, à chaque évènement ne correspond pas un mais plusieurs sens. Ils sont à cueillir au fur et à mesure de l’avancement, et viennent se mutualiser, renforcer l’élaboration globale.

Le chemin vers les prises de conscience, en ramenant du mouvement intra et interpsychique, conduit à la sortie de l’impasse où nos peurs nous ont enfermés. Une nouvelle circulation s’instaure, ce qui était fixé se dénoue, la vision des choses en est modifiée.

Suite à ce travail de conscientisation, l’harmonie entre ressenti et action est rendue possible. L’action juste, issue de la synthèse entre le ressenti et la réalité extérieure, ancre le sujet dans sa vie. Elle lui permet l’incarnation de ce qu’il est vraiment.

Comprendre l’angoisse

Qu’est ce que l’angoisse ?

Parfois elle est un mal qui ronge, une souffrance qui étreint l’être, qui l’empêche de vivre.  Parfois elle est source d’action, de créativité, elle mobilise l’énergie. Elle signale un travail psychique, des difficultés à surmonter une épreuve, ou un mal-être de longue haleine.  L’angoisse est difficile à expliquer, à exprimer.  Elle habite tout être humain.

L’angoisse se différencie de la peur : la peur se manifeste devant un danger réel, présent. L’angoisse est une souffrance purement mentale, alors qu’aucun danger concret et extérieur n’est à affronter. Une peur intérieure provoque l’angoisse, qui pousse à anticiper le pire, qui donne à considérer la face sombre de la vie, qui déforme la réalité pour n’en voir que l’aspect négatif, alimentée par une imagination fertile.  Cependant, elle est toujours liée à une difficulté de la vie réelle.

Elle arrive parfois après une épreuve de la vie, ou dans un contexte de stress intense et ininterrompu. Parfois elle émane d’une histoire de vie tourmentée, hantée par les manques, les blessures. Réveillée par une cause actuelle, elle résonne avec des vécus antérieurs qui amplifient sa force.

Qu’est ce qui nous angoisse ?

Les expressions en sont nombreuses: L’angoisse de l’avenir, de la  mort, l’angoisse du non-sens de la vie.. L’angoisse du vide, de la solitude. L’angoisse de l’abandon. L’angoisse du rapport aux autres. L’angoisse de la sexualité. L’angoisse de la fin de toute chose, du monde…l’angoisse de vivre, tout simplement. L’angoisse du changement, l’angoisse de l’immobillité… la déclinaison est infinie…les motifs d’angoisse sont nombreux !…Parfois elle est diffuse, on ne saurait même pas dire de quoi elle est constituée…

Nous ne manquons pas de sujets extérieurs alimentant nos propres angoisses déjà présentes : Que ce soit dans le domaine des bouleversements écologiques, ou humains, les scénarios catastrophes sont légion et nous font penser au pire en permanence.

Quelles sont les manifestations de l’angoisse ?le cri de munch

Les manifestations de l’angoisse sont bien connues de ceux qui les éprouvent : boule au ventre, serrement de gorge, troubles de l’appétit, insomnies, idées sombres, désespoir, idées obsédantes. Agitation ou au contraire prostration…Envie de s’étourdir pour tenter d’oublier l’angoisse ou au contraire désir de s’isoler, pour tenter de la combattre.  Chacun sa gestion de l’angoisse…

Le plus souvent, l’angoisse est dificile à indentifier. Ce mal-être diffus qui pousse vers des fuites en avant ou des retraits n’apparaît pas toujours en termes très clairs. Il est à explorer avant d’y mettre le mot « angoisse ».

L’angoisse est un cri.

A quoi sert l’angoisse ? faut-il l’éviter à tout prix ?

L’angoisse est parfaitement normale. En tant qu’alerte, elle oblige à être vigilant.  C’est en réalité, un « signal  vital de détresse ».   Sans elle , les dysfonctionnements et  les déséquilibres perdurent, ce qui risque d’entrainer vers des phénomènes dététères (maladies, dépression..)

L’angoisse ressentie doit être considérée comme un signal d’alarme, afin de nous interroger sur les dysfonctionnements de notre vie:  » Que se passe-t-il actuellement dans ma vie, qu’est ce qui n’est pas équilibré, qu’est ce que je fuis, quelles décisions je prends, ou je ne prends pas.. »  Ces questions sont à étudier, afin de chercher le sens de ce signal d’un danger intérieur.

Le psychisme, comme tout système, cherche à maintenir une homéostasie, c’est-à-dire un équlibre entre ses différentes instances (moi, ça, surmoi) et la réalité extérieure. Si  cet équilibre est rompu, le psychisme, pour ne pas perdre son intégrité, travaille à maintenir sa cohésion menacée. L’angoisse est produite par ce travail intense de la fonction régulatrice du psychisme.

Les dangers psychiques sont invisibles à l’œil nu, mais sont pourtant à l’origine de tous nos comportements. Le moi cherche en permanence à maintenir sa cohérence, son intégrité.

Chacun cohabite différemment avec ses angoisses. Pour ne pas plonger, de nombreuses stratégies existent. Et poussent à des comportements destinés à masquer, à s’éloigner du ressenti d’angoisse. L’exemple des addictions est un des plus courants : le comportement addictif de consommation en excès (quel que soit le produit ou le comportement) entraine une diminution des sensations corporelles.  L’addiction anesthésie l’éprouvé.  Et permet d’échapper aux ressentis.

Cependant, les angoisses refoulées sont des  plus dangereuses. D’une part parce que leurs causes restent cachées, puisque l’alerte n’est pas entendue. D’autre part, car, refoulées elles n’en demeurent pas moins agissantes,  génèrant un stress permanent et destructeur.

Et surtout, on évite la confrontation avec soi-même, avec son histoire, avec ses démons. On se coupe de son socle. De ses émotions. De sa vraie vie.

Peut-on apprivoiser son angoisse ?

Il est nécessaire de connaître les causes de l’angoisse, par une recherche introspective. De les visiter, de les appréhender. Pour, en les comprenant mieux,  moins en souffrir.

L’attention à l’angoisse ressentie permet de créer des repères, des sentinelles.

Tout d’abord repérer le moment où elle est apparue. Cela permet de réfléchir à la cause actuelle. Qu’est ce qui l’a provoquée ? et surtout, au-delà de la situation ou de l’évènement, se poser la question de  savoir comment on a vécu cette situation, quelles étaient les émotions ressenties, les souvenirs associés …

Et retrouver les souvenirs anciens, véhicules de blessures affectives, les passages difficiles, les périodes troublées, les enfances chagrines, les adolescences un peu perdues….

Affronter ses craintes, ses peurs, sans détours, trouver ses failles, se confronter à ses démons intérieurs, sont des nécessités si l’on veut apprivoiser son angoisse, et en sortir apaisé. La psychanalyse est le traitement qui permet ce travail.

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La souffrance au travail

La souffrance professionnelle est en augmentation en raison des conditions de travail qui se dégradent, et des profondes mutations du monde du travail qui sont en cours.

Apparue récemment et en grande recrudescence, le burn-out professionnel est une maladie due à l’accumulation de mal-être et de frustrations dans les situations professionnelles, aussi bien pour les salariés en entreprise, que pour les professions libérales.

La course à la reconnaissance et à la perfection, la compétition et l’individualisme à outrance, le manque de sens, la dévalorisation personnelle et l’interchangeabilité engendrent une immense solitude ressentie face à une souffrance incomprise, conduisant à cette « explosion brûlante », un état où il est impossible d’aller plus loin, où les ressources intérieures sont totalement asséchées. On ne peut plus rien faire. Il faut s’arrêter.

Le burn-out nécessite un soin adapté, une interruption de la course effrénée, une protection, un retrait. C’est une maladie grave.

Au quotidien, la souffrance au travail dicte ces moments de ras le bol, de rejet extrême. Tout le monde passe par là régulièrement. Et trouve ses solutions, ses stratégies pour éviter l’engrenage dont on ne peut plus sortir.

En effet, le stress au travail, normal, mobilise les capacités d’adaptation face aux situations, aux enjeux, et permet d’y faire face.

Et tout le monde est stressé. A tel point que si quelqu’un déclare ne pas être stressé, on le regarde avec suspicion : est-il sur une autre planète ? au-delà , déjà en burn-out, insensibilisé, anesthésié ? ou bien paresseux ?

Le temps : source de stress. Le temps est happé, mangé, il manque, il est trop petit, il n’y en a jamais assez pour le remplir, avec tout ce qui est à faire. Le temps court, file, va trop vite. Le temps pourtant, est, lui, toujours le même !Où courrons nous ainsi ? Le temps au travail est multiple. Le temps des contrats, des exercices comptables, le temps des dossiers, des procédures, le temps de la journée de travail, des congés, le temps des réunions, des pauses de midi… ces temps sont en conflit parfois avec les temps humains, psychiques, les temps d’assimilation, les temps de vie elle-même. Citons en exemple la si douloureuse impression qu’ont les femmes quand elles annoncent leur grossesse à leur patron ou supérieur et qu’il mesure aussitôt le temps à  prévoir pour leur congé de maternité. Manifestement, le temps de l’enfantement, donc de la vie, n’est pas toujours compatible avec les temps de l’entreprise…

Le stress est donc généralisé, banalisé.  Mais il n’en est pas moins dangereux. Et les seuils d’alerte ne doivent pas être négligés.

En effet, trop de stress, à haute dose, fréquent et sans possibilité de récupération, risque de conduire à un état de déséquilibre psychique. Les tentatives de sortie , de compensation parfois ne suffisent plus :

  • -« une semaine de vacances, et je reviens dans le même état, même pas reposé, sans avoir réussi à « décrocher » du boulot » entend-on parfois.

Ou bien la fatigue s’accroit, un week-end de détente où l’on passe son temps à dormir en vient à peine à bout , en raison d’une difficulté, voire une impossibilité à se détendre , à faire une pause, à penser à autre chose, à se relaxer physiquement.

Devant cette absence de détente, le moral est vite en berne, l’irritabilité extrême rend tout contact avec autrui difficile.

La porte s’ouvre sur les angoisses, les idées sombres concernant l’avenir, la vie. Difficile de voir la route et d’anticiper quand on a la tête dans le guidon en permanence ! Une impossibilité à se projeter, à prévoir, à envisager le futur.

Les activités qui d’ordinaire sont motivantes, investies, perdent de leur intérêt. Car seule compte la tentative de récupération de la fatigue Et la tête est prise par les tâches non terminées, les délais, les urgences…

En phase de stress aigu, les doutes s’installent : doutes sur ses propres capacités à y arriver, à gérer la somme de travail, à être à la hauteur des tâches à accomplir :

  • -« les autres y arrivent bien et pas moi »

S’ensuivent des sentiments de dévalorisation, d’échec, de non-réalisation personnelle, une difficulté à voir ses propres qualités, une estime de soi en déconfiture.

Une moindre résistance à tout évènement nouveau provoque crise, angoisse, perturbations, envie de fuir. Or, les changements dans la vie professionnelle sont fréquents, les adaptations sans cesse nécessaires. Mal préparés, mal expliqués, mal digérés, les changements augmentent la vulnérabilité de certains.

Si plusieurs de ces signes de mal-être coexistent et s’installent, il est absolument nécessaire de s’occuper de soi avant de s’engager sur la pente de la dépression durable ou de la psycho-pathologie.

Cette souffrance répétée créera un désinvestissement face au travail. Au lieu d’être un repère structurant et valorisant, le travail devient alors une source d’ennui et génèrera la désespérance.  Aller au travail perd tout son sens, en dehors de l’obligation de gagner sa vie.

On ne peut pas tenir le coup longtemps ainsi.

Chacun a besoin d’exister socialement et de se sentir utile.

La dépression qui suit cette souffrance doit être entendue comme un signal de changements, de nouveaux choix. Ne pas se laisser happer, résister à l’appel du vide, pour ensuite se remotiver, se mobiliser vers les modifications souhaitables.

Pour réfléchir à ce qui se passe, une mise au point est nécessaire. Que représente le travail pour vous ? quel est l’enjeu personnel au-delà des échéances actuelles ? quel est votre équilibre de vie ?

Quels sont vos rêves ? vos désirs ?

Quel est votre itinéraire ? d’où venez vous ? vers quoi allez vous ?

Et aussi, quels sont les conflits, extériorisés ou latents, auxquels vous êtes confrontés, à l’intérieur de l’entreprise ?

L’entreprise n’est pas seulement un lieu de productions de biens ou de services, à visée économique. Elle est bien plus que cela, et s’y retrouvent la somme des affects inhérents à tout groupe humain. Elle a une structure hiérarchisée, enjeu de pouvoir, de place. Elle est un lieu de projections de désirs, de fantasmes, de peurs. Elle est un lieu à haute teneur symbolique, elle canalise les imaginaires de chacun. Elle possède aussi sa composante inconsciente. Y circulent beaucoup de forces échappant totalement à la maitrise et au contrôle conscient des protagonistes.

L’entreprise, collective ou individuelle, est un lieu de reconnaissance sociale, de valorisation et d’intégration au groupe humain.

La souffrance au travail rejaillit sur les autres aspects de la personne, sa vie personnelle en est affectée.

Les profonds bouleversements économiques en cours déstabilisent les fondements anciens, auxquels on s’accroche cependant. C’est donc une période où chacun devra surmonter des difficultés sans négliger l’aide extérieure, et en relativisant le plus possible ce qui lui arrive.

Pour s’occuper de cette souffrance, différentes entrées sont nécessaires: l’apprentissage corporel de la détente profonde, et le travail psychique de reconstruction. Un ressourcement par ces deux approches pour ensuite reprendre son chemin, en contact avec son moi plus authentique.

Les troubles psychiques: témoignages

Apprendre à connaître les troubles psychiques est nécessaire si l’on veut mieux comprendre ceux qui en souffrent autour de nous, et mieux appréhender le monde dans lequel nous vivons. En effet, nous sommes tous aux prises avec des symptômes et des excès, des tendances ou des peurs, issus des mêmes questionnements existentiels. Ceux qui traversent par moments les frontières de la santé mentale pour aller faire un tour de l’ « autre côté » nous en apprennent beaucoup sur nous-mêmes et sur les arcanes du monde psychique. Leur vécu, loin de nous effrayer, peut nous éclairer.

En effet, les pathologies psychiques sont des miroirs et reflètent les préoccupations et les contradictions auxquelles nous sommes tous confrontés. A certaines périodes de nos vies, nos propres capacités adaptatives déclinent, et nous devons rassembler nos forces de vie pour ne pas sombrer. Ou bien, nous fabriquons des mécanismes qui nous protègent, mais aussi nous font du mal, ou nous isolent. Nous avons tous nos bizarreries et nos « particularités ».

A cet égard, nous ne devrions jamais considérer l’autre en général,  et le souffrant psychique, en particulier, comme un être à part, différent.

Nous avons tous en nous des parts de ses souffrances, de ses outrances, de ses peurs, de ses provocations…il nous présente un aspect du réel qui nous interpelle : où est la limite entre le normal et le « pas-normal » ? Qu’a-t-il à nous dire, de cette façon si destructrice ?

Je pense qu’un bon moyen d’apprendre à connaître ce qu’est le chaos psychique est d’en lire des témoignages. Le témoignage est une formidable leçon de courage (oser s’exposer, dans sa partie la plus fragile, imaginez !) et de générosité : grâce à ces écrits, d’autres vont apprendre à mieux se soigner, et surtout à mieux s’aimer, à retrouver l’estime de soi, à avoir confiance en eux. « Je peux vivre, comme cette personne qui témoigne, avec cette maladie, sans me réduire à mon trouble ».

Ces parcours de vie montrent les souffrances et les luttes auxquelles les individus sont confrontés, et notamment la lutte contre soi-même qui s’avère épuisante, et surtout impossible, insupportable: l’ennemi est à l’intérieur !

On s’aperçoit alors qu’une existence ne se réduit pas du tout à la maladie. Dans une globalité, l’individu peut avoir à accepter sa souffrance et ses symptômes, qui font partie de lui, certes, mais au sein d’un ensemble plus vaste que cela.

Mais souffrances et luttes intérieures ne sont pas visibles à l’extérieur. Beaucoup se sentent très incompris, voire jugés. Ce qui est visible, ce sont les comportements apparemment insensés, la vision distordue de la réalité, et cela génère parfois de la peur, au minimum un malaise… Le rapport à l’autre est désordonné. L’instabilité, la dysharmonie qui règnent  à l’intérieur diffusent autour et provoquent des retours en décalage, des paroles blessantes, inutiles, en parfait inadéquation. La raison des autres, en effet, ne peur rien faire pour eux à ce moment-là.

Combien d’anorexiques ont entendu dire : « il suffit de la forcer à manger, et ça ira mieux ! » ou «  tu as encore maigri, on dirait une rescapée des camps ».

Combien de bi-polaires voient autour d’eux se forger un mur d’incompréhension, par un entourage dépité, qui ne sait plus à qui il a affaire ? A  la suite d’attitudes et de « crises » qu’ils ont parfois du mal à gérer « je ne le supporte pas quand il est ainsi, on dirait un enfant gâté »

Combien de schizophrènes, enfermés en eux, ne savent pas dire ni se dire, souffrent du mur qui les sépare des autres, et s’entendent traiter de « fou », voient la peur qu’ils inspirent à leurs plus proches, même à ceux qu’ils devraient rassurer ?

En effet, l’entourage est aux prises avec des comportements échappant à l’entendement, à la raison, des attitudes étranges. Il voit les excès, les enfoncements dans la non-vie, les dénis de la part de la personne touchée. Il voit la dissociation.

Le déni est un mal qui ronge en profondeur et de façon invisible. Le déni de tous : la personne touchée, qui peut mettre longtemps avant d’accepter de devoir vivre avec sa maladie, et l’entourage, affecté, qui ne veut pas non plus toujours accepter en totale conscience le « problème ».

A cela s’ajoute la culpabilité, bien sur : celle de pas être comme les autres, celle de se détruire, celle d’être un poids pour l’entourage, de lui faire subir ses contre-coups, ses extravagances ou ses repliements, ses silences ou ses colères, et de le mettre en échec : l’entourage se sent impuissant à aider, quelle que soit sa bonne volonté.

C’est une fois ce déni dépassé, que l’acceptation pleine et entière de la maladie, permettra de mieux la gérer, une fois la conscience augmentée. La maladie aura alors moins de prise.

Ceci ne se réalise qu’au bout d’un long travail sur soi, de recherche des ressources en soi, et de prises de conscience. L’écriture fait partie parfois de ce travail.

J’ai choisi de vous parler de trois de ces témoignages.

Anorexie-Schizophrénie, Trouble bi-polaire-: trois exemples de mal-à-être, de perte temporaire de la notion de réalité, de phase de démissions, de lutte pour faire entendre quelque chose…

Le démon intérieur de Sabrina Palombo fut l’anorexie, dont elle a été sauvée de justesse : A 17 ans démarre un régime qui l’amènera à un poids de 27 kgs, et à un internement psychiatrique pendant un an. Son livre témoigne de la force incroyable qu’elle a dû aller chercher pour s’en sortir.

Sabrina : « Je me suis ouvert la tête contre les murs de ma prison. Les médecins ont proposé à mon père de monter dans ma chambre alors qu’il ne m’avait pas vue depuis des mois. C’était peut-être ma dernière nuit ici-bas selon eux. »

Le corps torturé de l’anorexique fait peur, et son désir de pureté, d’absolu se déclare dans cette négation du charnel en elle.

Douloureusement, la renaissance a lieu, longuement, pas à pas. La maladie se transforme en une quête spirituelle

Sabrina : « Tandis que certains marquent leur rejet du passage au monde adulte en adoptant des comportements de révolte plus ou moins évidents, j’ai opté pour la nourriture comme moyen d’expression et d’opposition. Au-delà de cette crise d’adolescence, il y avait un véritable besoin de transcendance. Peu de gens mettent des mots sur cette quête spirituelle. La spiritualité est, sinon rejetée, au moins taboue. La jeune anorexique peine encore plus à saisir le sens du mal qui la ronge ».

Le combat de Sabrina, depuis, ne cesse plus. Elle a fondé une association, pour faire connaître la maladie, et aider les anorexiques à sortir de l’isolement. Pour agir, mettre des mots, transcender.

Gérard Garouste combat en lui les crises de délire, furieuses, éprouvantes, qui l’amènent immanquablement à l’Hôpital psychiatrique : camisole chimique, cocktail neuroleptique, seule façon de calmer la crise de psychose.

Gérard : « La sortie n’est pas une libération, c’est une punition. La réalité vous rattrape comme une brûlante coulée d’angoisse, et l’on se découvre faible et lâche. On s’effondre. »

Il raconte son enfance dupée, trahie, le secret de famille, la honte silencieuse, souterraine, alimentant la rancœur et la violence du paternel.

Il raconte une dépression qui a duré dix années. Puis sa conscience et son combat pour maintenir un équilibre, forcément fragile, qui le préserve de la rechute.

« Gérard : « je dois fuir la passion puisqu’elle m’égare, mais je ne peux pas. Mes intuitions se changent vite en obsessions, qui nourrissent ma peinture et ma folie. Il y a des frontières communes, que je passe et repasse. J’y laisse parfois un peu de ma vieille peau. »

Gérard est un peintre internationalement reconnu. « Je suis peintre parce que mes mains ont fait ma force, parce que des toiles puissantes et belles m’ont convaincu qu’il y avait là une voie pour moi. »

 Hélène Pérignon, éditrice, a un trouble bi-polaire, passant par des phases longues de dépression, puis des crises maniaques agitées, désordonnées, dévastatrices. Cela lui  a été particulièrement difficile d’accepter sa maladie, car elle-même avait souffert dans son enfance de la bipolarité de sa mère, gravement atteinte par la maladie,  régulièrement internée, et qui, après son retour d’hôpital, restait encore dans un état d’hébétude de longs jours. « Elle vivait à son rythme, dans son petit monde, sans vraiment se soucier de son rôle de maman. »

Il lui faut du temps pour accepter le diagnostic. Puis pour accepter de se faire soigner lorsque la crise est là.

Hélène : « Je m’acharnais à me persuader que tout était normal, et que j’allais bien. Toutefois, je me sentais de plus en plus déstabilisée, les doutes s’amplifiaient, accompagnés d’angoisse et confortés par le discours de mes proches. Période horrible. On se sent vaciller, sombrer. On sait déjà pertinemment que la crise est là, de nouveau, mais on ne peut s’y résoudre. On lutte. Tiraillements féroces entre une partie de soi, exaltée, qui déborde d’énergie, et n’accepte aucune limite et l’autre, en alerte, qui perçoit le danger et la nécessité de mettre un frein à tout ce désordre »

Hélène a finalement appris à vivre de façon très  consciente son trouble bipolaire, de sorte qu’elle en soit le moins affectée possible dans sa vie, tout en intégrant les risques et les réalités de sa maladie et en restant particulièrement vigilante sur son équilibre de vie.

En conclusion, Hélène dit : « je suis bipolaire, mais je me place résolument du côté de la vie .J’ai apprivoisé mon trouble et j’ai appris, avec le temps, à gommer les parenthèses. »

 Bibliographie :

– Sur l’anorexie: Sabrina Palumbo : L’âme en éveil, le corps en sursis. Editions Quintessence.  SabrinaTCA92: se relier aux fragilités pour se relier à l’univers

– Sur la schizophrénie: Gérard Garouste: L’intranquille, autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou. Editions L’iconoclaste.

– Sur le trouble bi-polaire: Hélène Pérignon : je suis bipolaire mais le bonheur ne me fait pas peur ; Editions Hugo Doc

La sophrologie

La sophrologie est un ensemble d’outils de travail sur soi, visant à l’harmonie psycho-corporelle dans un but thérapeutique et/ou de mieux-être.

Une séance de sophrologie permet d’accéder à un état d’être où la conscience d’être, ici et maintenant, la connexion aux ressentis, aux sensations corporelles, le sentiment d’être en prise avec la source de vie en soi, sont recherchés.

S’aider du lien existant entre le psychisme et le corps, se recentrer sur son vécu en profondeur  pour mobiliser son énergie, et la placer là où elle manque, tel est l’un des objets de la sophrologie.

Trouver ou retrouver l’unité en soi, qui fonde la motivation et le désir d’agir.

La méthode de sophrologie est utile aussi pour retrouver des souvenirs, des périodes de vie enfouies profondément.

Elle peut donc être alliée d’un travail analytique, lorsque quelque chose est difficile à dénouer, en cas de programmation ancrée (les croyances invalidantes, telles que celles de ne pas être à la hauteur, d’être nul, incapable, les sentiments d’échec, etc…) et pour éviter l’intellectualisation en excès, refuge et obstacle aux changements concrets.

Elle peut être pratiquée, en tant que telle, pour retrouver un sentiment d’exister, mis à mal dans les trépidations et les tracas de la vie quotidienne.

Elle permet de s’arrimer au réel, celui du vécu du corps. Le corps par où passent les émotions, où se fixent les souffrances, engendrant des blocages. La pratique en sophrologie développe la fluidité entre corps et psychisme.  Pour dénouer tensions et blocages émotionnels. pour quitter une spirale de répétition et donc retrouver un sens, une direction.

Elle peut être utilisée pour récupérer d’un échec, d’une rupture, d’un deuil.

C’est vers la source en soi, la source de vie en profondeur, que l’on chemine en sophrologie.

Une séance de sophrologie est un voyage, un chemin accompagné, que l’on peut suivre ensuite, seul, quand on en a besoin, quand on le souhaite.

Il est établi maintenant, grâce aux neurosciences que le vécu psychique, même si l’on ne bouge pas de sa chaise, mobilise les mêmes circuits neuroniques qu’une action réellement effectuée.

De plus, les études sur la plasticité neuronale nous montrent que le fonctionnement du cerveau le rend capable de produire du nouveau à tout moment de la vie.

La sophrologie base ses résultats sur ces capacités psychiques étonnantes, et sous-employées, la plupart du temps.

Elle active les résonances entre le psychisme et le corps et à ce titre, est compatible avec les résultats cliniques de la psychanalyse active.

pour plus d’informations: société française de sophrologie

Le transfert

 Le transfert est un moteur dans la cure psychanalytique.

Composé de tous les sentiments de sympathie ou d’’antipathie projetés sur la personne de l’analyste par l’analysant au cours du travail analytique, le transfert constitue un ferment d’activation pour le psychisme.

Le transfert permet à l’analysant de déposer, en séance, les mécanismes et affects mis en œuvre dans ses relations passées.

Assuré de la neutralité, de l’absence de jugement, et de l’écoute attentive et bienveillante, l’analysant peut ramener au conscient des éléments du passé, enfouis, douloureux, sans crainte pour son moi. Ce faisant, il se remémore, il revit, il réactive un ensemble d’affects, de déceptions, de vécus plus ou moins traumatisants. Il se retrouve aux prises avec des colères, des blessures d’amour, des élans brisés.

Et dans la réactualisation de ces souvenirs, s’extériorise un maximum d’affects, d’émotions, d’attente, projetés, envahissant l’espace de l’analyse. Comment pourrait-il en être autrement ?

L’analyste, figure contenante, entend ce qui se vit à l’intérieur.  Le matériel refoulé, projeté en séance, sera ensuite réintégré, comme éléments de reconstruction psychique.

Mais le transfert peut être un obstacle à la cure, et créer ce qu’on appelle une résistance, s’il intervient de façon très forte, en positif comme en négatif. Les sentiments éprouvés envers l’analyste, que ce soit des sentiments d’affection, d’admiration, d’agacement, de méfiance, de frustration, doivent être étudiés, comme faisant partie du travail psychique, en se posant les questions : à quelle autre occasion, et envers qui ai-je déjà éprouvé ces sentiments ? qui me rappelle mon analyste ? qu’est-ce que je reproduis ?

C’est en explorant ces phénomènes, envers l’objet d’investissement qu’est l’analyste, dans le cadre protégé de la cure et des séances, dans la distance et la neutralité qui forment ce cadre, que des découvertes importantes de l’inconscient vont avoir lieu.

Le transfert n’est pas figé, il évolue au cours d’une analyse, au fur et à mesure de l’avancée dans le travail.

En psychanalyse active, le transfert est considéré comme  une forme d’activation des différentes phases d’évolution psychoaffectives. Grâce au transfert, l’analysant retrouve son passé, afin d’en faire un allié, un support pour le futur.

Dans un premier temps, le transfert positif est seul à l’œuvre, l’analysant perçoit l’analyste et les séances comme une matrice protectrice, rassurante, bienfaisante.

Dans un deuxième temps, apparaît une ambivalence, des résistances se font jour, l’analysant reproduit face à l’analyste les vécus de la sphère parentale : désir d’être inclus, peur d’être rejeté.

Puis l’analyse progresse, l’analysant petit à petit intègre les éléments psychiques retrouvés, adapte mieux sa vie à ce qu’il souhaite.

Enfin, en prenant son autonomie face à l’analyste, l’analysant devient capable d’assimiler pour les faire siennes les composantes qu’il estime favorables à son épanouissement.

 

 

 

Les racines psychologiques de la violence

Le public n’a pas toujours pris conscience du fait que ce qui arrive à l’enfant dans les premières années de sa vie peut avoir une incidence sur son comportement et son degré de violence, plus tard. Ainsi s’exprimait Alice Miller, psychanalyste ayant publié plusieurs ouvrages s’intéressant aux racines de la violence dans l’éducation de l’enfant.

Les réactions face à la terreur, sur les plans juridiques, politiques et sociétales, font état des moyens à mettre en œuvre pour éradiquer la violence, et supprimer la graine qui pousse, chez ceux qui s’y adonnent.

Ceci ne se fonde pas sur une connaissance intérieure, émotionnelle, que les professionnels de l’écoute développent dans le cadre de leur travail.

Une éducation ne peut être réellement bonne si elle ne s’appuie pas sur l’empathie et l’écoute de ce qu’est l’enfance, fondée sur une connexion à sa propre enfance.

Les parents, pédagogues et éducateurs n’ont généralement pas appris cela eux-mêmes, et transmettent en l’état les principes éducatifs qu’ils ont eux-mêmes connus.

D’où provient cette graine qui pousse est une chose, quelle est la nature du terreau dans lequel elle pousse en est une autre.

Cette connaissance du monde intérieur, du psychisme en formation, si elle n’est pas prise en compte, manque à tous les niveaux, et ne permet pas d’aborder les problèmes de façon complète. Il manque la connaissance du socle, de l’essentiel.

Tout se joue avant 3 ans, disait-on du temps de Dolto.

Alice Miller a longuement étudié les effets néfastes de la pédagogie, de l’éducation, quand elle nie le vivant en l’enfant, et quand elle humilie celui-ci.

Elle a ainsi étudié l’enfance de certains personnages, devenus tortionnaires, ou meurtriers, ainsi que celle de dictateurs : Enfances faites d’humiliations profondes et répétées, de brimades et maltraitances caractérisées, et/ ou d’indifférence totale à l’égard de sa réalité intérieure.

Comprendre ce qui se joue dans l’éducation et le rôle de tous les adultes face à la jeunesse est indispensable si l’on constate que des effets pervers et profondément dangereux sont issus de la manière de faire précédente.

La première raison qui engendre ces méfaits éducatifs est le fait que l’adulte a la plupart du temps refoulé la réalité vécue de son enfance, et même l’a transformée en une vision idyllique.

Or, pour peu qu’on veuille bien se pencher avec un peu de sincérité sur son propre parcours, on s’aperçoit que l’enfance est un lieu de souffrance et de maturation. On ne peut prendre pour réalité intangible, ni dénier toute valeur, aux propos d’un enfant. Mais il est à considérer comme un être en construction, en maturation, en train d’acquérir les connaissances sur le monde et les autres, qui lui permettront plus tard d’avoir un comportement, et un avis. Il est en train de devenir un adulte responsable de sa vie.

Pour ce faire, il a besoin de certains ingrédients essentiels, qui font défaut hélas, dans bien des cas.

Ces ingrédients sont à réunir dans un ensemble cohérent qui s’intitule : le respect de sa nature d’enfant. Encadrer un enfant n’est pas l’obliger à penser de telle ou telle façon. L’encadrer c’est déjà l’assurer dans le fait qu’il grandit dans un entourage fiable, à l’écoute, et non esclave. Un entourage composé d’adultes  qui entourent, précisément, qui protègent et considèrent l’enfant comme un sujet en devenir. Non comme un objet passif et vide. Ou comme un individu déjà mâture.

Toute éducation devrait être une interaction : on devrait apprendre à penser, au lieu d’apprendre à avoir telle ou telle opinion ou idéologie. On apprend des valeurs, si ces valeurs sont véhiculées par l’entourage. Si l’entourage ment, et que les mots entendus sont : « Il ne faut pas mentir », rien ne sera possible, aucune confiance ne présidera aux relations. Le discours paradoxal entraine une perversion du comportement : l’enfant fera semblant, pour ne pas déplaire. Il ne sera pas sincère. Ni vrai.

On devrait aussi apprendre aux enfants l’empathie et le bien-fondé des émotions.

Malheureusement, et c’est une énorme lacune, ce qui est émotionnel est banni, fait peur, est refoulé par la plupart des adultes, éducateurs, pédagogues et parents compris. L’émotion est vécue par beaucoup comme ennemie de la « raison » qui devrait nous éclairer.

C’est oublier un peu vite que nous sommes constitués d’émotions, en tant qu’êtres vivants. L’émotion est inhérente à notre construction, et la sensibilité extrême de l’enfant l’amène à absorber, avec une grande intensité, les sentiments et les affects dont il est l’objet. Il perçoit de plus les émanations inconscientes, les contradictions de l’adulte, si celui-ci a un discours et un comportement opposés.

Le respect de sa nature d’enfant implique donc le respect fondamental de sa sensibilité d’enfant. Or, la sensibilité de l’enfant fait peur : L’adulte n’a la plupart du temps pas d’autre défense que de faire taire cette sensibilité, tout comme il a appris à refouler, lui-même, toute ses émotions dans sa propre enfance. Il a peur souvent de ce regard d’enfant sur lui, de la vérité contenue dans ce regard. Il en a peur car il n’a pas fait le deuil de sa propre enfance, il n’en a pas compris l’enjeu. Il éduque comme il a été éduqué : par la répression des affects les plus puissants, des peurs, des désirs. Non par leur écoute, leur compréhension, leur canalisation, pour créer les conditions favorables à leur transformation en force positive et constructive.

L’éducation oublieuse des éléments essentiels propres à un développement harmonieux d’une personnalité d’enfant, est un danger. Elle aboutit, en cas de défaillances importantes, répétées et sans recours à un repère adulte fiable, et aimant,  à créer des personnalités adultes clivées, ignorantes de leurs émotions, privées de leur capacité à l’empathie, coupées de leurs corps.

Le comportement meurtrier est le fait de tels automates, fonctionnant avec une idée obsessionnelle, quelles que soient les couvertures et oripeaux dont ils habillent cette  idée. L’éducation reçue, allant à l’encontre des besoins fondamentaux, a créé un adulte privé de toute liberté de pensée et de réflexion.

Il est nécessaire de savoir que les besoins fondamentaux de l’enfant ne sont pas les mêmes que ceux de l’adulte. Modeler un enfant à son image n’est pas le respecter.

L’adulte ne peut apprendre à un enfant à être unifié, libre et responsable, face à lui-même et face aux autres, que s’il apprend lui-même à l’être.

Pour être un pédagogue ou un éducateur ou un parent, il faudrait pouvoir se relier à sa propre enfance, à ses ressentis, pour être en empathie maximale avec ceux de l’enfant. Et avoir fait le deuil des insatisfactions et frustrations de l’enfant qu’on a été, pour ne pas faire de l’enfant à éduquer cet objet destiné à satisfaire l’adulte : que ce soit satisfaire ses besoins de gratification, de revanche ou de domination sur un plus faible.

Quels sont les besoins que peut avoir l’adulte, qui agit pour lui-même et non pour l’intérêt de l’enfant, répertoriés par Alice Miller :

Le besoin de reporter sur un autre les humiliations qu’on a soi-même subies

Le besoin de trouver un exutoire aux affects refoulés

Le besoin de posséder un objet manipulable et disponible

Le besoin de préserver l’idéalisation de sa propre enfance et de ses parents

La peur de la liberté

La peur de la réémergence du refoulé, qu’on a réussi à combattre chez soi, et qu’il faut à nouveau combattre chez l’enfant.

La vengeance pour les souffrances endurées.

Ces besoins que l’enfant n’a pas à prendre en charge, se retrouvent à des degrés divers bien entendu. Il peut être nécessaire d’y réfléchir, même si l’on est sincère dans sa volonté de bien faire. Se cachent parfois des désirs plus refoulés, plus obscurs, plus inavouables.

La psychanalyse est là pour entendre ces pulsions difficiles à déceler par le conscient. La psychanalyse aide à dire ces pulsions, dans le cadre rassurant de la séance, et préserve ainsi du passage à l’acte. Le fait de se dire ainsi, place le sujet à distance de ses propres affects, et lui permet de les évacuer. Les besoins infantiles de revanche et de résolution des problèmes au travers de l’enfant perdent alors de leurs forces, d’eux-mêmes.

L’éducation peine à aider un enfant à accéder à sa liberté. Ce n’est d’ailleurs a priori même pas son but.

« Quand on éduque un enfant, on l’apprend à éduquer. Quand on fait la morale à un enfant, il apprend à faire la morale ; quand on le met en garde, il apprend à mettre en garde ; quand on le gronde, il apprend à gronder, quand on se moque de lui, il apprend à se moquer, quand on l’humilie, il apprend à humilier, quand on tue son intériorité, il apprend à tuer.

Il n’a alors plus qu’à choisir qui tuer : lui-même, les autres ou les deux. »

Alice Miller, C’est pour ton bien ; Racines de la violence dans l’éducation de l’enfant. Aubier 1984.

 

La fragilité

Qu’est-ce que la fragilité ? Qu’est-ce qu’être fragile ?

Une sensibilité particulière ? Une interrogation inquiète sur le monde ? Des questionnements sur son identité ? Des doutes sur sa place parmi les autres ? Des peurs, des angoisses ressenties de temps en temps, ou souvent? Des remises en questions fréquentes ? Des hauts et des bas ? Des difficultés à « être soi » ? A se reconnaitre, à se définir?

Un peu tout cela ….

Sommes-nous tous fragiles ? La fragilité n’est –elle pas sous-jacente, présente en chacun de nous, et masquée au quotidien ? est-ce un atout ou un handicap, d’être fragile ?

Est-il « normal » de souffrir ? Est-il « normal » de ne pas souffrir ?

Notre fragilité se révèle à nos yeux, de façon plus intense, à certaines périodes délicates de nos vies, nous faisant prendre conscience  de cette partie de nous, que nous négligeons  la plupart du temps.

Or, notre souffrance dit quelque chose de notre rapport au monde. Elle dit quelque chose de notre être profond, elle nous permet d’approcher l’essentiel, elle nous guide vers les questions existentielles.

Accepter sa fragilité c’est oser affirmer que le monde matérialiste, consumériste, « minéraliste », ne convient pas à l’être humain, et ne saurait satisfaire ses désirs fondamentaux.

L‘humain ne peut échapper à une certaine « souffrance d’être », apanage de ce qui est nommé « fragilité ».

Ce qui est fragile peut se briser, il est nécessaire d’en prendre soin.

Ce qui est fragile est précieux.

La fragilité interroge sur la fin. Le contact avec l’éphémère apporte la nécessité de se rallier à des concepts plus pérennes : la conscience de soi, la transmission, le lien aux autres, la force de la nature.

Chacun peut faire de sa fragilité une force, en apprenant à la connaître, en soignant ses blessures, en n’ayant plus peur d’elle, et au contraire en apprenant à l’aimer.

La reconnaître, afin d’y puiser les ressources et les atouts pour sa vie.

C’est aussi accepter la souffrance, quand elle est là. Elle est une force, elle implique le rebondissement, le « revivre ».

Ainsi, la fragilité conduit la force de vie. Elle ouvre la voie, par les questionnements qui l’accompagnent, au monde du désir, elle permet de prendre la direction de sa vie ; elle ouvre les processus de changement.

Et si nous osions être fragile? et si nous n’en avions plus peur? et si nous n’en avions plus honte? et si nous considérions avec bonheur notre part sensible?

Paru le 8 janvier 2015: OSONS LA FRAGILITE ! Editions  Harmonie Solar

     

 

Psychothérapie analytique ou outil de développement personnel ?

La question se pose à de nombreuses personnes, car les propositions d’outils de développement personnel sont très nombreuses. Les personnes venant consulter un psychanalyste ont souvent tâté d’autres techniques. La comparaison est faite entre les différents outils qui s’offrent aujourd’hui.
Or, les champs d’intervention en développement personnel et en psychanalyse ne sont pas les mêmes. Les objectifs et les moyens pour y parvenir sont différents. Cependant, il arrive que les frontières entre ces différents domaines d’introspection soient parfois un peu floues, on passe de l’un à l’autre, on recherche quelque chose, on trouve autre chose… Un parcours personnel va passer par plusieurs de ces champs.

Qu’appelle-t-on « développement personnel »?
Le développement personnel fait appel à différentes ressources intérieures, et permet d’ouvrir ses potentialités, de gérer son stress, d’harmoniser son mental, d’augmenter sa créativité, de travailler son intuition, de faire le bilan de ses compétences, de mieux communiquer etc…
Les outils de développement personnel sont nombreux, variés, intéressants, et sont des fenêtres ouvrant sur les possibilités et la richesse qui sont en chacun, que chacun peut faire croitre et embellir.
Les techniques sont diverses : yoga, sophrologie, méditation, techniques psychocorporelles, travail sur l’énergie, la psychologie positive, accompagnement en coaching, etc…

Comment se situe la psychanalyse face à tout cela ? Pourquoi choisir développement personnel ou psychothérapie analytique ?
Une psychothérapie analytique ou une psychanalyse a pour champ d’investigation le sujet dans son ensemble, dans son histoire singulière, unique, celle qu’il a vécu intimement, et aussi dans ce qu’il en a fait, dans ce qu’il a construit à partir de « là ». La psychothérapie s’appuie sur cette histoire, le socle, pour permettre à l’analysant d’y puiser ses forces. Dans la douleur et la fragilité, se trouvent les ferments de la création de son futur.

Dans quel cas s’avèrera nécessaire une psychanalyse ou psychothérapie analytique ?
– Si l’histoire de vie est lourde, si l’enfance est abimée, si les freins à l’épanouissement sont puissants.
– Si la situation de travail ou personnelle ou les deux, est bloquée, si des schémas se répètent indéfiniment.
– Si la souffrance est intense, s’il y a perte d’énergie, angoisse
– S’il y a eu chute, choc, maladie…
Dans tous ces cas, les outils de développement personnel ne seront efficaces que si un travail psychique par la parole a lieu, au cours d’une relation thérapeutique réparatrice

La psychanalyse s’avèrera complémentaire d’un ou de plusieurs outils de développement personnel. C’est le cas pour beaucoup de personnes, ayant souvent fait un chemin à travers divers médiateurs.
Elle s’avèrera même une base, pour que les outils de développement personnel soient efficaces.
Elle sera utile pour éviter les fausses routes : on peut en effet croire que le développement personnel suffira, et se sentir toujours mal, au bout du compte, ou dans une impasse.
Le risque du développement personnel est de laisser s’installer un mal-être, et des habitudes de fonctionnement qui seront difficiles ensuite à remettre en question. Il faudra plus de temps pour déconditionner ses habitudes si on n’est pas allé à la source. La source risque alors d’alimenter toujours le mal à vivre.
Le risque est surtout de créer un « semblant » de bien-être, une posture, des explications, qui ne sont pas personnelles, mais issues d’une grille de lecture. Cela peut aboutir à la construction d’un « faux soi », c’est-à-dire une personnalité très adaptée, un personnage social ayant créé d’autres automatismes, et toujours en demande d’outils de développement personnel. Ayant barricadé son vrai soi, devenu lointain, inaccessible…

La psychanalyse permet d’aller sur son chemin/ sans grille extérieure. On défriche un terrain embroussaillé, à mains nues. Cela fait mal, parfois. L’outil est soi. Le chemin est balisé par une écoute, un silence, un espace intérieur. C’est la rencontre avec.. soi. C’est une école d’exigence. On est face à soi, un vrai soi qui grandit dans cette altérité, cette construction au fil des séances. La construction de son chemin personnel, à nul autre pareil.

Un chemin de vie est une route à plusieurs étapes. La première étape consiste à s’occuper de la souffrance, à panser les blessures psychiques, les bleus à l’âme.
Aller mieux, oui, mais ensuite ?
Maintenir ce mieux-être. C’est là que parfois les outils de développement personnel sont utiles.
Et ensuite ? Quel est le but de tout cela ?
Une fois le chemin éclairci, la question se pose : Que faire de ce mieux-être ?
Quelle est la quête, une fois le mouvement repris ?

Après la recherche des causes de sa souffrance fondamentale, la psychanalyse est un outil d’élaboration de soi, d’éducation à être soi. Elle amène à se poser la question du « que faire de ses prises de conscience ? »

« Le développement de la personne passe, pour la psychanalyse, par une transformation par l’individu de ses blessures en forces, et non par un évitement ou une fuite en avant. »
Norbert Chatillon Hors série Psychologies magazine n°27 P 12.

Donc mon conseil :
– Ne pas se tromper d’objectif. Le développement personnel ne s’occupe pas du pourquoi, il s’occupe du comment.
– Et ne pas se tromper sur l’origine. L’origine du mal-être, de la souffrance : voilà ce dont s’occupe, se préoccupe la psychanalyse: L’histoire, la mémoire, les mouvements et les régressions du sujet, ses désirs, ses peurs, son monde fantasmatique. Sa réalité intérieure.

La vie est une œuvre d’art. Chacun de nous est un artiste qui s’occupe de son œuvre. On peut s’en occuper en laissant la vie faire le travail seule, par le biais des rencontres, des évènements extérieurs venant ponctuer les étapes.
On peut décider aussi d’avoir une démarche plus active dans la construction de son ouvrage. On peut décider de changer, de choisir, d’accélérer certains processus, d’aller plus loin, plus haut. D’avoir un parcours plus autonome, plus conscient. D’augmenter son niveau de conscience, sa connaissance de son inconscient. Ceci amène non pas à une position nombriliste, mais bien au contraire, à une ouverture, une tolérance, une paix avec soi et avec les autres, qui rendent plus libres, plus actifs, plus curieux du monde, plus tolérants. C’est cela la réalisation de soi
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